Comme le dit un adage Yorouba, « les deux moitiés d’une gourde créent un univers ». La calebasse pour l’africain en général est un symbole constant,une richesse culturelle depuis la nuit des temps.
La calebasse, un fruit
Deux formes de plantes, produisent la calebasse.
La première est une plante rampante de la famille des cucurbitacées. Elle pousse comme la citrouille ou les courgettes. Son nom scientifique est lagenaria siceraria. Le fruit est la calebasse ou gourde. Cette plante est originaire d’Afrique.
La seconde forme est le calebassier, crecentia cujete. Un arbre de la famille des bignoniacées qui produit des fruits également appelés calebasses. Cette seconde forme est originaire d’Amérique Centrale.
Les deux plantes existent en Afrique et produisent des fruits de même type.
Récoltés à maturité, les fruits sont coupés, vidés, nettoyés et mis à sécher.
Ils sont totalement imperméables.
La calebasse un ustensile de cuisine
Avec la calebasse, on fabrique des louches, des bols, des saladiers.
Un morceau de calebasse poli et affiné sert à racler la pâte dans la marmite.
On utilise une petite calebasse pour donner la forme ronde à la pâte de riz appelée « touwo » dans la région centrale au Togo (Sokodé).
La calebasse en gourde permet de recueillir le « déha » ou vin de palme dans la localité de Kpalimé et alentours.
Le tchoukoutou et le tchapalo, boissons locales togolaises à base de sorgho, sont servis dans une moitié de calebasse dans la région de la Kara et celle des Savanes.
La calebasse, un objet d’art
La calebasse joliment gravée ou même peinte est un objet d’art et de décoration très stylé. On en trouve dans les musées, dans les festins, dans les cérémonies de mariage et même en décoration d’intérieur. Il sert aussi à fabriquer des masques et des boucles d’oreilles.
Les instruments de musique à corde ( kora et gooni) et les instruments à percussion (balafon et tambours) sont fabriqués avec la calebasse.
La calebasse et les rites africains
La calebasse est la fierté représentative de la tradition africaine.
Sa forme ronde rappelle le ventre d’une femme enceinte.
La calebasse symbolise l’abondance et la fécondité. C’est le symbole de la femme et de la féminité en l’homme.
Au nord-Est du Togo plus précisément à Bassar, la danse des vierges appelée en langue locale « kourgnima » est effectuée avec de petites calebasses en mains. Le rite » tigikaal » pour les génies de marigot, se fait avec une grande calebasse ceinte de cauris.
Au Bénin, au Burkina Faso, au Cameroun, au Ghana et au Kenya il existe des rites liés à la puberté et à l’enfantement où la calebasse est omniprésente.
Les calebasses jouent un rôle important dans les pratiques religieuses, divinatoires et occultes en Afrique.
Les devins s’en servent pour prédire l’avenir. C’est le récipient des divinités, des ancêtres, des esprits et des génies.
C’est le plat dans lequel les prêtres animistes servent le repas aux divinités.
Elle sert de voix à l’oracle interrogé.
La calebasse fait partie de notre identité. Beaucoup de peuples l’ utilisent mais sa symbolique est indélébile sur le continent africain. En 2016, la journée mondiale de la calebasse (JMCA) a été initiée par un togolais du nom de Mario ATTIDOKPO, professeur permanent de didactique et Arts vivants. Il met ainsi au service de toute l’humanité cette journée célébrée chaque 1er dimanche du mois d’avril.
Le cercle c’est l’unité infinie de la vie, que la forme de nos calebasses nous le rappelle. Préservons notre patrimoine culturel et artistique à tout prix.