« EBOMAF doit accuser le gouvernement Condé de non-respect de ses engagements ». C’est la déclaration faite, par le président-directeur général du Groupe EBOMAF (Entreprise Bonkoungou Mahamadou et Fils) Mahamadou Bonkoungou, lors d’une conférence de presse sous régionale tenue, samedi 02 octobre 2021 à Ouagadougou.
L’objet de cette sortie médiatique est d’éclairer l’opinion sur les allégations portées contre le groupe dans l’exécution des marchés qui lui sont attribués au pays de Sekou Touré.
Selon M. Bonkoungou, EBOMAF a été victime d’abus de confiance de la part des autorités Guinéenne, ceci, dans l’affaire des travaux d’aménagement et de bitumage de la route Kankan-Kissidougou longue de 194 km.
Les faits tels que relaté par le PDG du groupe En effet, la première connexion entre EBOMAF et la république de Guinée remonte à 2012. L’entreprise propose à l’Etat de financer et d’exécuter des travaux routiers. Le ministre des travaux publics, d’alors, Ousmane Ba, exige à l’entreprise des preuves de son expertise. Une mission est vite organisée par le groupe EBOMAF. A bord d’un avion de la filiale Liza Transport international, le ministre Ba se rend à Ouagadougou puis au Togo, où il visite de grands chantiers du groupe.
De retour dans son pays, le ministre fait un rapport au gouvernement et les premiers responsables d’EBOMAF sont invités à Conakry. Au cours de leur séjour, les hôtes du président Alpha Condé visitent deux tronçons Kankan-Kissidougou et Kankan-Mandiana. En avril 2012, le groupe fait une offre de partenariat public-privé à l’Etat guinéen pour la construction des deux routes. L’offre consiste à trouver les financements, à exécuter les travaux et à faire payer par l’Etat les coûts des travaux sur une certaine période.
Le 30 décembre 2013, les marchés sont approuvés. La construction de la route Kankan-Kissidougou, longue de 194 km, pour un coût de 305 millions d’euros est attribuée entièrement au groupe EBOMAF. Mais pour la construction de la route Kankan-Mandiana pour 184 millions d’euros, l’Etat guinéen décide d’associer au groupe, l’entreprise Guiter. EBOMAF est le chef de file de ce groupement avec une part de 51%. « Guiter est une société qui n’a aucune expérience dans les grands travaux. Il nous revenait donc de travailler avec elle et la former pour l’exécution des travaux », précise Mahamadou Bonkoungou.
L’État guinéen à travers sa banque centrale devait remettre une garantie de 500 millions d’euros (représentant la valeur des deux marchés) pour permettre à l’entreprise EBOMAF de mobiliser les fonds nécessaires aux travaux auprès de partenaires financiers dont la banque d’investissement de la CEDEAO (BIDC). Mais il n’a pas tenu ses engagements pour la garantie. En lieu et place d’une garantie de 500 millions d’euros, c’est une garantie de 65 millions d’euros que l’Etat guinéen remet à l’entreprise EBOMAF.
Pourtant cette dernière avait mobilisé des grosses sommes pour doter la Guinée d’équipements conséquents pour l’exécution des travaux des deux routes simultanément.
« Nous avons investi 45 à 50 millions d’euros dans l’équipement acheminé du port de Conakry à Kankan », explique le P-DG d’EBOMAF qui soutient qu’une centaine d’ouvrages ont été construits entre Kankan-Kissidougou.
L’homme d’affaires dit avoir été surpris d’entendre, le jour du lancement simultané des travaux des deux routes, que la présidence de la Guinée ne voulait pas lancer les travaux de construction de la route Kankan-Mandiana. Dans le même temps, Mahamadou Bonkoungou est convoqué par le ministre des Finances de l’époque, Mohamed Diané, qui lui propose de scinder le marché Kankan-Kissidougou en deux : une tranche franche de 65 millions d’euros et une tranche optionnelle de 240 millions d’euros. Mais le P-DG d’EBOMAF refuse la proposition.
« J’ai appris par la suite que l’entreprise Guiter est en train d’exécuter les travaux de la route Kankan-Mandiana. Ce n’est pas juridiquement acceptable. Depuis la signature des marchés jusqu’à maintenant, le président Alpha Condé et moi n’en avons plus parlé », a déclaré Mahamadou Bonkoungou. Il explique par la suite avoir signé la tranche ferme de 65 millions d’euros proposée par le ministre Mohamed Diané. Ce dernier a justifié cette situation par le fait que le Fonds monétaire international avait mis un veto sur les contrats.
Les travaux de cette tranche franche de 65 millions d’euros ont été exécutés à 90%. Étant donné que l’État guinéen ne jouait plus franc jeu dans le contrat, EBOMAF a préféré exécuter la valeur des travaux pour laquelle elle a reçu la garantie 65 millions d’euros soit 20 km du tronçon Kankan-Kissidougou. Le groupe a donc enlevé tous ses engins de la Guinée.
S’adressant à ses détracteurs, l’entrepreneur maintient qu’il n’a jamais remis en cause sa connexion avec Alpha Condé, qu’il considère comme un grand frère, « un panafricaniste qu’il dit apprécier ». Mais une chose est sûre, il estime avoir été victime d’un abus de confiance de l’Etat guinéen qui « n’a pas respecté ses engagements ». D’ailleurs l’homme d’affaires menace de poursuivre l’Etat guinéen pour non-respect de ses engagements.
Pour finir, M. Bonkoungou a lancé un appel pressant à la presse africaine à soutenir ses fils entrepreneurs qui arrivent à défier les stratégies visant à bloquer le développement du continent. « L’Afrique a droit de se développer comme les autres continents », a-t-il conclu.
A. Espoir.