Le président du Niger Mohamed Bazoum a finalement été destitué mercredi 26 juillet, au terme d’une longue journée d’incertitude à Niamey. Retour sur le parcours du désormais ex-chef d’État nigérien.
Né à Bilabrine, dans la région de Diffa en 1960, Mohamed Bazoum se lance dans le jeu politique dans les années 1990. Figure de l’Union syndicale des travailleurs du Niger, le diplômé de philosophie fonde avec son compagnon de lutte, Mahamadou Issoufou, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme.
Élu député une première fois en 1993, il occupera à maintes reprises la vice-présidence de l’Assemblée nationale, avant d’être nommé ministre lorsqu’Issoufou accède à la présidence nigérienne en 2011. Mohamed Bazoum officie d’abord aux Affaires étrangères, puis à l’Intérieur. Des expériences qui lui permettent de développer son carnet d’adresses à l’international.
Il succède à son mentor en avril 2021, quand il est élu avec près de 56% des voix face à son adversaire, Mahamane Ousmane. Sa victoire est tout juste validée par la Cour constitutionnelle que des militaires tentent un coup d’État, seulement deux jours avant son investiture. Un an plus tard, presque jour pour jour, les autorités nigériennes annoncent avoir déjoué une nouvelle tentative de putsch.
Finalement, c’est un groupe d’officiers disant appartenir à un Conseil national pour la sauvegarde de la patrie qui a annoncé, mercredi 26 juillet dans la soirée à la télévision nationale, avoir renversé le président Bazoum
Déclaration de l’armée nigérienne annonçant la destitution de Mohamed Bazoum
« Ce jour, 26 juillet 2023, nous, forces de défense et de sécurité, réunies au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) :
- avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez. Cela fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale.
- réaffirmons notre attachement au respect de tous les engagements souscrits par le Niger
- rassurons la communauté nationale et internationale par rapport au respect de l’intégrité physique et morale des
« Toutes les institutions issues de la septième République sont suspendues. Les secrétaires généraux des ministères se chargeront de l’expédition des affaires courantes. Les forces de défense et de sécurité gèrent la situation. Il est demandé à tous les partenaires extérieurs de ne pas s’ingérer », a poursuivi Amadou Abdramane Sandjodi.
La mise en garde du CNSP contre toute ingérence est peut-être un message envoyé à Patrice Talon : le président du Bénin est attendu à Niamey pour une médiation ce jeudi. Il est en contact permanent avec le président du Niger, président en exercice de la Cédéao qui a condamné hier tout changement constitutionnel au Niger. Il faut aussi rappeler que des forces étrangères – les États-Unis et la France notamment – disposent de troupes militaires sur le territoire nigérien.
« Les frontières terrestres et aériennes sont fermées jusqu’à la stabilisation de la situation. Un couvre-feu est instauré à compter de ce jour, de 22 heures à 5 heures du matin sur toute l’étendue du territoire jusqu’à nouvel ordre », a ajouté le colonel-major.